Renforcer les communautés francophones autistes au Canada
Différentes opinions existent sur la façon de parler de l’autisme. Malgré l’engagement du Canada envers le bilinguisme français-anglais et la Stratégie pour l’autisme au Canada
subventionnée par le gouvernement fédéral, les autistes francophones se heurtent souvent à des obstacles à l’emploi et aux services, aggravés par les écarts linguistiques. Les personnes parlant une langue minoritaire subissent plus de préjudices que les personnes parlant la langue majoritaire d’une région. Puis, un langage axé sur l’identité (« personne autiste ») est généralement privilégié, donc la déconnexion s’accentue. Le français, une des deux langues o_cielles au Canada, reste une part essentielle et culturelle de l’identité des autistes francophones, même en contexte minoritaire.
En 2024, l’Alliance canadienne de l’autisme a reçu une subvention du gouvernement fédéral pour amplier une action continue à unir les voix francophones de l’autisme par le
développement d’un cadre avec et pour le secteur autiste à travers le Canada. La vision ultime comprend l’inclusion et la défense des politiques d’équité inclusives pour toutes communautés au Canada. L’équipe et les membres du Comité de consultation francophone à l’Alliance ont pour double objectif d’unir les voix francophones et de renforcer la capacité des organismes en autisme au Canada. Plutôt que de nous concentrer sur les barrières, nous nous intéressons à ce qui facilite l’inclusion et l’équité,
particulièrement en situation de minorité francophone. Cette initiative mise sur la
recherche et l’engagement public pour avancer l’atteinte du double objectif.
Trois groupes francophones/francophiles (les personnes défenseuses de droits et
ayant une expérience vécue, les prestataires de services et les leaders) participent à
une étude exploratoire pour identifier les facteurs qui renforcent la capacité des communautés francophones autistes. Une revue de la littérature révèle une variété
de facilitateurs clés, selon la mission ou les programmes de chaque article. Des
conversations suivront pour décrire et valider les facilitateurs propres à chaque
organisme.
L’Alliance a élaboré trois nouveaux guides bilingues qui soulignent le langage préféré
et potentiellement o_ensant en autisme. Le guide principal a été coconstruit avec 206
personnes participantes. Ces documents sont maintenant largement adoptés à
travers le Canada. « Ce type d’inclusion est ce que nous voulons voir davantage,
dans les cercles de recherche et de communauté », résume une participante.
Une autre personne, qui habite à l’extérieur du Canada, souligne la pertinence
internationale de notre initiative : « Le fait que ce sujet intéresse au-delà du
Canada – cela démontre à quel point la communauté francophone a besoin de ce
travail. »
Plusieurs organismes et leaders adaptent déjà leurs communications en conséquence. Notamment, depuis le lancement de nos activités, des participants nous disent qu’ils emploient un langage préféré par des mises à jour dans des documents-guide diagnostiques en autisme, des sites web, et sur les réseaux sociaux. Une évaluation en cours d’organismes oeuvrant auprès des autistes et des gouvernements dotés de stratégies sur l’autisme, montre que l’utilisation du français et d’un langage préféré est plus présente dans les milieux majoritairement francophones, alors qu’elle est encore
rare dans les régions anglophones. Ces forces pourraient inspirer le renforcement
des capacités dans les communautés majoritairement anglophones au Canada.
Enfin, nous lançons une série d’assemblées francophones, en ligne et en présentiel,
dans plusieurs régions au Canada de septembre 2025 à juin 2026. De plus, le 12e Sommet canadien sur l’autisme revient du 13 au 16 avril 2026 à Ottawa.
Les résultats de ces initiatives éclaireront un cadre de renforcement des capacités,
tant au niveau organisationnel que politique, pour soutenir une approche proactive qui permettra aux communautés de l’autisme de s’approprier et d’implanter un changement durable.
Info: https://autismalliance.ca/fr
Michèle L. Hébert, PhD., ergothérapeute et chercheure postdoctorante en impact sur
le système de santé des IRSC à l’Alliance et l’Université de l’Alberta, est la fondatrice
et présidente-bénévole de Buds in Bloom/Bourgeons en Éclat, oeuvre de bienfaisance
pour les familles d’enfants neurodivers.

